samedi 28 novembre 2015

Thanksgiving

Nous revoilà. Désolée pour ce silence radio...

Les attentats à Paris ne m'ont pas trop donné envie d'écrire. Premièrement, car j'étais trop occupée à courir après les infos dès que j'avais du temps libre pour savoir ce qui se passe. Je suis un peu trop loin pour que les infos viennent à moi toute seule.

Deuxièmement, car ça m'a rappelé mon adolescence, et les attentats de 95. Alors j'ai passé beaucoup de temps à relire les événements des années 90.

Troisièmement, et je l'apprends d'autant plus en vivant dans un autre pays: les Français aiment débattre. Ils aiment argumenter et être en désaccord. Et je n'ai pas vraiment envie d'y participer.

J'ai donc mal, mais de loin. Je n'irai certainement pas dire ce qu'il faut faire pour sortir de cette nouvelle vague d'attentats, ni juger le passé, ou sortir de belles phrases pour refaire le monde en bisounours. Ni même vous parler de cette émission de radio, entendue il y a des mois, où des gens expliquaient que le monde n'était pas plus violent maintenant. Il est au contraire moins violent, plus lissé, et c'est pour cela que chaque acte de violence nous parait d'autant plus odieux. Donc moi je suis allée sniffer plusieurs fois l'air frais du dehors, en regardant les zenfants qui jouent tranquillement, avec les voisins. Qui jouent aux Jedis en grimpant dans les pickups, ou à "4 squares" avec un ballon de basketball. 



Alors voilà. Pendant ces dernières semaines, je n'ai pas fait grand chose d'autre que d'assister, de loin, à la tristesse, et à essayer de contempler, de près, la joie. Et à tenir bon, ici, les dernières semaines d'école avant les vacances. En ayant en plus un mari absent, parti en voyage pour le boulot à Atlanta. Cette dernière semaine était une "early release week" car c'était la semaine des "conférences". En Français: les réunions parents-profs. Pour que les instits aient le temps de donner des rendez-vous, l'école se finit à 12h20. Et le déjeuner est toujours inclus ces jours-là: au début je pensais qu'on les récupérerait pour le déjeuner.

Donc pour cette formidable semaine, où la fatigue des clous pour leur quinzième semaine d'école était au plus haut, la journée écourtée était bienvenue. Pour moi, donc la fatigue est aussi à son comble, n'avoir aucune aide à la maison et des enfants qui rentrent à midi n'étaient pas les bienvenus. Et pour pimenter le tout, les instits ont souhaité me voir toutes les trois avec l'instit spéciale pour les english learner, et le seul créneau possible était 7h10, le jeudi. Du matin, hein! Quitter la maison et être prêts à partir à 7h, c'est le bonheur pour une fille qui n'est vraiment, mais alors toujours pas, du matin.


Donc pour résumer: entre nager et se noyer, les enfants nagent à l'école. Ils ont encore beaucoup de chemin à parcourir, mais ça se passe bien. Gabrielle a déjà montré ses aptitudes en maths et en science. Sa maîtresse ne remet pas en cause son saut de classe. Elle a été épatée par la lecture de Gabrielle, qui ayant retrouvé ses livres en Français, s'est remise à lire. Elle a pu faire les tests de lecture pour chaque livre, mais en anglais, à l'école, et donc a pu participer au programme de lecture. Elle a eu 392% de l'objectif de lecture demandé par l'école pour la période. Et a obtenu 80% de bonnes réponses aux tests. Il faut dire que les questions sont parfois pièges, et avec la traduction google qu'elle utilise, il est parfois compliqué d'y répondre. 

Raphaël a fait un autre test: une série de 36 questions, en anglais et sans traduction Google ou de la maîtresse. A chaque question justement répondue, le niveau de la question suivante augmentait. Et inversement, il baissait s'il ne répondait pas correctement. Au final, il a obtenu 25%. Ce qui signifie qu'il a un niveau d'anglais meilleur que 25% des enfants de 2nd grade. Et il n'apprend l'anglais que depuis 3 mois. La maîtresse était donc épatée, et a noté aussi qu'il était bon en maths. Surtout s'il s'agit d'une notion abstraite.


Pierre lui, a fait d'immenses progrès en langage. Et en comportement aussi. Mais c'est lié: mieux il saura exprimé ses pensées, moins il aura besoin de faire le cirque. Il n'est pas au point sur les lettres par contre: je dois le faire travailler. Ca me barbe vraiment. Il connaissait ses lettres avant, et là, il mélange tout. Mais s'il doit suivre le rythme, il doit s'y mettre. Elle a noté qu'il était bon en maths, et que le graphisme ne pose pas problème: il sait écrire assez correctement, et maîtrise son stylo. Ces derniers jours, j'ai constaté qu'il avait une bizarrerie supplémentaire: il nous parle anglais parfois. Ca, ça va encore, c'est presque normal. Mais il parle spanglish!! Sa copine de classe, Kamilla, a des parents mexicains. Elle est english learner aussi. Et Pierre commence à lui prendre des tics de langage. Il dit "Es no me! es the cat". Raphaël aussi a pris quelques mauvais tics de langage car Joe, son adorable voisin et meilleur copain, lui parle en singe. A la base, ça part d'un bon sentiment: "me go play", pour faciliter la communication. Mais Raphaël répète ce qu'il entend. Donc... il faudra rattraper tout ça.

La maitresse de Gabrielle utilise la méthode des bons points: ils ont pu "acheter" des babioles en payant avec leurs bons points. Gabrielle a récolté le plus de points de sa classe. Elle a acheté aussi quelques cadeaux à ses frères. 

Pour faire bref: ils se débrouillent très bien en anglais. Ils ne sont pas bilingues, non. L'instit d'ESL dit que c'est un processus de 3 à 5 ans pour qu'ils parlent anglais comme des natifs. Et il faut qu'ils arrivent dans le pays, en immersion totale, avant leurs 10 ans. C'est donc tout bon. En 2018, on aura donc de petits bilingues. Et j'ai pu voir sur le papier donné que Pierre avait eu 2 jours d'absence (son asthme, qui depuis qu'on a plus de moquette va très bien!!), mais que Gabrielle et Raphaël avaient assisté aux 57 jours d'école sans être absents une seule fois. Chapeau. Et les virus??? il semblerait qu'il y en ait pas. Pas de gastro, pas d'angine, pas de bronchite, pas de grippe ou de gros rhume. Pas de jour de repos grappillé non plus. On ne peut pas tout avoir. 

Donc ici, pour le point météo: il fait froid le matin (entre 5 et 10°C). Mais l'après midi, le soleil chauffe vite. Le matin, le soleil se lève vers 6h30, et disparait à 17h. Pierre, samedi, a demandé pourquoi il y avait un sapin de Noël dans Sacramento, il a dit que c'était pas le bon moment. On lui a répondu que c'était dans un mois... Ils ont même pas fait de liste de souhaits. Car ici, et on tient bon, avant Noël, il y a ... Thanksgiving! Après, par contre, sortez les guirlandes et les sapins!


Jeudi 26 novembre, c'était le 4ème jeudi de novembre. Et donc, c'est Thanksgiving. Pour l'occasion nous avions invité Anita, Brandon et les filles à venir manger avec nous. Leurs familles habitent loin et ils ne peuvent y aller. Et étant installés ici fraîchement (ils ont débarqué avant la rentrée scolaire, comme nous), ils n'avaient pas de plans prévus. Nous avons donc eu l'honneur de les recevoir, car nous avons le super double four qui permet de cuire un tas de choses à la fois.


Petits "bricolages" achetés en kit chez Target que Gabrielle a réalisés. 


Pour occuper les enfants si la cuisson de la dinde est trop longue: une nappe entière à colorier.


Notre déco d'automne: comme je n'en ai pas, et qu'on est attentif aux dépenses, on s'est contenté de quelques citrouilles restantes d'Halloween, et de pommes de pin trouvées.


Le salon formel, propre et bien rangé...


Les plats qu'il a fallu acheter: un plat XXL pour poser la dinde coupée, une planche à découper XXL, et un plat à rôtir XXL. Ici, même les poulets sont très gros... donc mes plats sont devenus presque trop petits. Mais pour une dinde, c'est sur, c'était bien trop petit.


Thanksgiving c'est d'abord une histoire d'Inde. Ou de Dinde. C'est pareil. Au 17ème siècle, en France on l'appelait "poulet d'Inde" car on confondait encore le nouveau monde avec l'Inde. Et les brittish, eux, l'ont appelé "turkey" car ils l'importaient via la Turquie. Pauvre bestiole qui n'a vraiment pas de nom bien à elle. En tout cas, ça fait de la volaille énorme, et c'est le symbole de cette fête qui célébrait les récoltes. Donc je suis allée acheter une grosse Dinde. Ils les vendent plutôt surgelées ici... Et il faut 4 à 7 jours pour la décongeler au frigo. Moi, j'ai souhaité rester dans les terrains connus: j'en ai acheté une fraîche, "naturelle" (sans additifs), quelques jours avant. 14 LB seulement, ce qui fait 7kg. Parce que plus c'est gros, plus c'est dur à cuire, et moins il y a de goût. Et puis on est seulement 9 dont 5 enfants.




On a passé un certain temps à se renseigner sur la cuisson de la bestiole. Ils disent tous que la viande "blanche" cuit trop vite par rapport à la viande "sombre" (les cuisses). Donc il faut nourrir les blancs le temps que les cuisses cuisent. Farce prévue (base de croutons trader's joe, à laquelle j'ai ajouté bacon, noix, oignons et carottes). Et seringue à injection achetée. Ca fait peur hein ? C'est juste pour éviter de soulever la peau pour y mettre du beurre: on l'injecte sous la peau. Juste du beurre fondu. 



La bestiole devait cuire au moins 3h45, donc lever à 7h pour qu'elle soit au four à 8h. Pari réussi. Sauf qu'elle a cuit en à peine 3h, la coquine. Donc le reste n'était pas prêt. Anita avait pour mission de s'occuper de la sauce aux cranberries, de la purée de pomme de terre, et du "green bean casserole". On a fait dans la pure tradition: c'est un plat qui cuit au four composé de haricots verts, de sauce crème champignons et d'oignons frits sur le dessus. Ils avaient de plus amené du "egg nog" (lait de poule) qu'ils ont agrémenté d'Amaretto (et c'était top bon). J'avais fait à côté du pain et une tarte tatin. 



Je dois dire qu'à bien y réfléchir, la différence principale par rapport à un Noël français est, à mon avis, le côté simple de cette fête. Aucun plat n'est compliqué à préparer (normalement en dessert c'est une tarte: aux pommes, ou aux noix de pécan ou à la citrouille... ou autre). Aucun plat ne demande d'ingrédient rare ou précieux ou cher: Au revoir les foie gras, champagne, fruits de mer, saumon fumé, truffe... C'est comme un déjeuner du dimanche (chez les Clous, on faisait plutôt des samedis) avec la famille, mais en grande quantité. Et comme il n'y a ni messe ni cadeaux à gérer, j'ai trouvé que c'était plutôt facile, et détendu. Pas de gaspillage car tout peut être mangé froid ou réchauffé plus tard. Le seul point négatif, c'est de se réveiller tôt pour une Dinde.



J'avais fait en dessert donc une tarte Tatin, qui n'est rien d'autre qu'une tarte aux pommes. J'en pouvais plus de la pumpkin pie après Halloween, ni de leur apple pie: ils mettent dans les préparations un mélangé d'épices appelée "pumpkin spice" qui a finit par me lasser. J'aime la cannelle seule, mais mélangée au gingembre, muscade, pomme ou citrouille, fini avant l'an prochain! Et puis, ils ont adoré la tarte Tatin, alors tout va bien. Ils ont aimé la touche "française" de ce thanksgiving. Anita avait apporté des cookies.



J'avais aussi préparé pour Anita des éclairs au chocolat, car ils avaient dû partir tôt de la crémaillère, et elle regrettait de ne pas en avoir mangé. Chose faite! En fait j'ai oublié de les servir, mais on s'est rattrapé en lui amenant 4 éclairs chez eux le soir.


Ils n'étaient pas très beaux car je n'avais plus de sucre glace pour faire le glaçage,


Le soir, gavé, nous n'avons mangé qu'un éclair, et une part de brownie que Raphaël avait préparé la veille.

Les enfants ont été sages. Enfin, corrects. Ces derniers jours ils étaient plus gentils, mais là, l'effet électrisant de la fête ne les a pas aidé à se tenir. Mais ils ont bien joué, surtout dehors, et ils ont fait des coloriages et des jeux de société.




C'était une belle journée. Nous avons la chance de vivre ces nouvelles traditions, avec de nouveaux amis. Chaque jour je pense à mon pays, ma ville... mes amis et ma famille. On a la chance d'être dans un endroit en sécurité, calme, amical. Un voisinage ouvert et vraiment sympa, une vie calme et confortable. Mais ça ne remplace pas tout. C'est curieux d'être content et triste à la fois. Mais c'est le cas. Le quotidien est heureux et tranquille. Et les pensées sont plus mélancoliques.

 Et forcément, le lendemain de Thanksgiving, Pierrot et moi sommes malades. Une petite crève ou une sorte de laryngite. Zut, malades pendant les vacances, c'est pas de chance. Surtout que le jour après Thanksgiving, c'est Black Friday, les plus grosses promos de l'année dans les magasins (nommé ainsi car les lignes de compte des boutiques passaient du rouge (déficit) au noir (bénéfice) car les gens commençaient les achats de noël. On va sortir le sapin, car Dimanche est le premier jour de l'avent. On passe vraiment les 3 derniers mois de l'année à faire la fête ici! 

13 commentaires:

  1. Contente de te relire! Ca fait plaisir de voir ton interieur, de reconnaitre vos meubles dans cette nouvelle maison 😊

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  2. Merci pour ce partage, c'est vraiment passionnant de découvrir ces traditions si méconnues

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    1. J'ai pourtant l'impression qu'elles sont largement connues grâce aux films et séries télé. Mais les vivre, c'est différent.

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    2. méconnues, dans le sens où le voir de l'extérieur avec parfois des "a priori".... ;-)

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  3. Tout d'abord bonjour ! Je tenais à vous dire que je suis votre blog depuis votre départ de France et le trouvais plutôt intéressant mais là, pour le coup, je vous sens effectivement très éloignée de la réalité !! "les Français aiment débattre. Ils aiment argumenter et être en désaccord" dites-vous.....erreur : bien au contraire, élans de solidarité, hommages et marques de respect font l'unanimité ici ! Quel dommage pour vous d'être déjà si imprégnée de la "culture" de votre pays d'accueil, au point de si mal juger vos compatriotes. Je ne vous envie vraiment pas !

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    1. Je ne comprends pas: vous me reprochez de mentir sur les débats, ou sur le fait de penser que les français sont querelleurs? Dans le premier cas: lisez les journaux et les médias sociaux, vous verrez les débats ou les argumentations, je ne suis pas folle, je les voyais défiler chaque jour. Dans le deuxième cas, ma phrase exacte est "je le constate D'AUTANT PLUS en vivant dans un autre pays". D'autant plus signifie qu'être à l'étranger AJOUTE à cette vision. Donc, cette vision, je l'avais bien avant. Oui, j'ai toujours trouvé que les français aimaient les débats, surtout politiques. Parce qu'on est LATINS et pas anglo-saxons. Mais je dis que là, moi, j'ai pas envie de débattre. Bon, après, ne m'enviez pas... si ce blog était fait pour vendre du rêve, je passerai mon temps à mentir. Et si ce blog n'était pas fait pour conserver les liens avec mes amis et ma famille, il y a bien longtemps que je l'aurais arrêté par simple fatigue et fainéantise. Alors bon, je suis "trop éloignée" comme quelqu'un dont les parents habitent Paris, et de qui les enfants demandent si papi et mamie risquent de mourir. Je juge mal, ou bien je suis trop impliquée. Mais les arguments, je ne les ai pas inventés. Et quoi qu'il en soit, il ne sera jamais dommage de s'imprégner de la culture de son pays d'accueil. On gagne toujours à s'enrichir d'une autre culture. Toujours. C'est une richesse que d'avoir deux angles de vue.

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  4. J'ai pensė à vous au moment des attentats en me disant que cela devait etre dur de vivre cela de loin (pas que ce soit plus facile sur place, mais c'est dur d'etre isolė...) J'aime beaucoup votre comparaison entre Thanksgiving et Noel: c'est tres bien vu. Moi aussi c'est une fete que j'ai beaucoup aimė aux USA.

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    1. Oui, j'étais isolée, mais en même temps les gens ici étaient très amicaux, et bienveillants. Ils se sont inquiétés pour notre famille, nos amis. Ils ont été réellement choqués également.

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  5. Quel dommage un tel commentaire ... Certains diront "chacun a le droit de s'exprimer" mais sans intérêt dans ce cas précis. J'espère qu'il ne t'a pas minée. Merci encore beaucoup pour ce blog que je suis très fidèlement.
    Isabelle V

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    1. Merci. Si, ça m'a miné. Car, en fait, ça prouve ce que je disais. Et ça prouve que mes sentiments, il vaut mieux que je les garde au chaud pour moi.

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  6. C'est clair que c'est vraiment la fête tous les jours chez vous ;-)

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    1. oui mais après noël, il n'y a presque plus rien! Alors je vais ramener mes rois, ma chandeleur et ma mi-carême. Des crêpes, des gaufres et des galettes!

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