Aujourd’hui c’est donc mon anniversaire. La matinée s’écoule
tranquillement avec les enfants. François rentre tôt pour préparer le rdv de
midi avec notre agent immobilier : Jean-Jacques. Avant ça, il ramène un grand ballon kitsch et un porte-clés en cuir rose pour mon anniversaire (symbole de la maison que nous essayons d'acheter). Nous allons donc faire la
proposition d’achat. François a passé une grande partie de sa matinée à faire
de la paperasse pour l’emprunt.
Une fois fait, les enfants ayant avalé un sandwich
rapidement, nous nous préparons pour aller au rdv de 2pm au « school
district » de Rocklin. Parfois les districts font toute une ville, parfois
plusieurs villes, parfois une partie d’une ville. C’est le district qui gère
les décisions scolaires. Et pour nous inscrire sans avoir d’adresse, la dame
qui s’occupe de l’administratif de notre relocalisation a pris rdv au district
plutôt que dans une école. Ce n’est pas la même dame que celle qui nous a planté
à Los Angeles sans solutions, il semblerait d’ailleurs qu’elle ait été virée
car on a une nouvelle conseillère et son mail n’est plus attribué. Je suis bien
désolé de ça, une tape sur les doigts aurait suffit. Mais je continue de penser
qu’elle nous a un peu mis en danger. Elle avait 6 heures pour nous trouver un
hôtel, c’était pas trop dur. Au lieu de ça, elle a attendu qu’on réponde à son
mail, sachant qu’on était dans un avion et qu’il est impossible de se connecter
dans un avion (on lui avait dit). Passons. Il y a 3 entreprises différentes qui
s’occupent de notre relocation : Brookefield qui gère le déménagement, l’hôtel…
Une autre s’occupait des papiers tels
que le visa. Et une dernière s’occupe de l’administratif ici (sécurité sociale,
permis de conduire etc). Nous avons la chance de ne pas être seuls (quand ils
font bien leur travail), ça compense notre « nuit » à Los Angeles.
Remona est très gentille, et réactive.
Nous arrivons donc au district avec Remona qui s’occupe d’officialiser
le fait qu’on soit relocalisés, et de prouver que François va travailler dans
la ville d’à côté et pour longtemps. Il y a donc le directeur du programme
English Learner et GATE, ainsi que son assistante. Il y a aussi une dame, Dr
Barbara Branch. Pour cela il faut que je fasse un « coming out » :
Nos enfants, en tout cas les deux premiers, ont été testés « surdoués/précoces/haut
potentiel ». Il y a environ 18 mois. Pas de vantardise ou autre, on a
découvert pour Gabrielle par hasard. Je l’ai emmenée chez la psychologue après
3 ans de « maman, je voudrais plutôt être un garçon ». Elle a fait
son travail au mieux, puisque elle a trouvé que ma fille n’avait aucun problème
de personnalité, mais qu’elle se sentait différente, et sans savoir pourquoi, a
fini par penser qu’elle n’était donc pas une fille, mais un garçon, et que c’était
pour ça qu’elle arrivait pas à être comme les autres. Depuis, elle n’a plus
jamais dit qu’elle veut être un garçon, même si elle trouve que les princesses
c’est archi nul, et qu’Harry Potter est un demi dieu.
Raphaël, lui, nous a fait une dépression en fin de grande
section. Rebelote la psy, et même diagnostic. Il se sentait lui aussi bizarre
par rapport aux autres, et comprenant pas pourquoi, s’isolait de plus en plus.
Depuis, il a fait une année scolaire sans déprimer, s’est fait des copains, et
s’épanouit. Merci la psy !
Pour l’école, nous avions dû changer. Ca ne collait pas. La
nouvelle école a été absolument formidable pour eux, chacun a eu la chance d’avoir
une maîtresse qui allait avec leur caractère. Gabrielle a adoré sa maîtresse « exigeante »
comme disaient les autres. Et Raphaël a eu une maîtresse douce qui savait ne
pas le brusquer. Une fois seulement il a pleuré : il avait eu un mauvais
point. Il avait imité la signature de son père (avec un certain talent, il faut
l’avouer) sur un document qu’il avait oublié de nous faire signer. Elle était
prête à fermer les yeux, mais il a avoué devant toute la classe, alors il a
fallu faire comme si… Bon, il s’en est remis, et je crois qu’ainsi il ne s’y
essaiera plus.
Donc nous étions anxieux ici, aux USA, de comment ils géreraient
ces enfants là. Ceux qui connaissent le sujet vous diront qu’un tiers des "surdoués" n’ont pas leur bac. Ils ont aussi une grande émotivité qui les
dessert (et parfois les sert, au contraire). Ils ont des méthodes d’apprentissages parfois différentes qui les met
en échec. Ou bien simplement aimeraient apprendre plus de choses, plus vite ou plus complètement. Ils
comprennent une leçon en 4 répétitions quand les autres enfants ont besoin de 7
répétitions. C’est pas grand-chose, mais si un enfant a un caractère impatient,
il en a vite marre et s'occupe en dérangeant les autres camarades. Une des solutions en France est le saut de classe : mais il
se remet vite à en demander encore plus une fois le saut de classe intégré.
Gabrielle qui a fait une très bonne année malgré le manque du CE2 a ainsi fait
en classe beaucoup d’exercices supplémentaires. Raphaël, qui aime plutôt se la
couler douce, risque au collège ou au lycée de se retrouver face à la
difficulté qu’il n’aura jamais apprise à gérer. Et c’est là que beaucoup de « surdoués »
se perdent, et finissent par lâcher leur scolarité. En fait, il faut trouver
comment mettre leurs neurones à profit, et ce n’est pas facile du tout. Ni pour
les parents (Gabrielle a voulu lire Molière en Juin !), ni pour les profs
qui sont parfois dépourvus de solutions.
Donc anxieux nous étions jusqu’à ce que je vois que dans
toutes les écoles autour du bureau de François il y avait ce fameux « GATE » :
Gifted And Talented Education. Les anglo-saxons utilisent le mot « gifted »
pour surdoué. Gift veut dire cadeau, et gifted signifie doué en général. Dans
le titre donc, c’est plutôt gentil et positif. Et sur les pages « gate »
des écoles, je voyais une association qui était mise en référence. J’ai
contacté cette association pour savoir si certaines écoles étaient mieux que d’autres
sur la gestion de ces « cas ». Elle m’a très gentiment et rapidement
répondu de viser les districts de Rocklin ou Eureka. Mais pour Eureka les
maisons étaient trop chères. Donc nous avons cherché des maisons par internet
depuis quelques mois sur Rocklin. Et la présidente de cette association, avec
qui j’ai échangé de nombreux mails, m’a proposé de venir au rendez-vous pour
nous aider, et car elle connaissait très bien le directeur du programme. Ici, ils parlent d’accélérer leurs apprentissages, ou bien d'approfondir, ou de complexifier. Ils les mettent par "clusters" dans une classe, jusqu'à 6 par classe. Il y a dans cette ville une école qui a, du 2nd grade au 6th grade, des classes avec exclusivement des surdoués, quand les autres méthodes n'ont pas réussi.
C’est ainsi que nous avons été très entourés. Le rendez-vous
s’est bien passé, dans une grande salle où la clim semblait être réglée sur 10°
C. Nous les avons vite mis à l’aise en disant que nous venions de signer une
proposition d’achat de maison, et qu’ainsi nous pourrions peut-être avoir les
papiers en règle pour inscrire les enfants à l’école avant la rentrée scolaire.
Ils ont pris tous nos papiers, les tests de QI des enfants… lorsque je leur ai
dit que je ne souhaitais pas les mettre dans l’école où il y a des classes
exclusives de surdoués car je souhaitais qu’ils se mélangent aux autres, et qu’ils
apprennent d’abord l’anglais, et à découvrir l’Amérique, Halloween et
Thanksgiving ; ils ont été vite soulagés et nous ont largement félicités
sur notre « great attitude ».
Dans le fond, je souhaite seulement qu’ils sachent que ces enfants
pouvaient présenter un « problème » rapidement, et qu’ils n’aient pas
à passer des tests dans une langue qu’ils ne connaîtraient pas.
Je souhaitais aussi que Gabrielle puisse conserver son saut
de classe, après avoir pris conseils auprès de sa maîtresse de CM1, et de la
directrice de l’association des surdoués CAG que j’avais eu par mails de
nombreuses fois. Elle était directrice d’école, et si elle me dit aussi de
conserver le saut de classe, j’écoute. Si en plus la maitresse de Gabrielle me
dit qu’avec encore 2 ans à faire en primaire (ici l’école primaire compte une
année de plus qu’en France, le collège ne dure que 2 ans, et le lycée 4 ans),
Gabrielle aura du temps pour préparer un changement avant l’ère des ados et que
le saut de classe devrait être conservé. Là-dessus, aucun n’a présenté d’objection
non plus, à la petite exception que c’est la directrice de l’école qui aura le
dernier mot et doit aussi être en accord.
Autre problème : Raphaël est né le 14 septembre. Ici,
il faut avoir 5 ans au 1er septembre pour rentrer à l’école. Donc
Raphaël aurait dû être en 1st grade, soit le CP en France. Mais en France, il
faut être né avant le 1er janvier pour rentrer en maternelle, donc
Raphaël était en CP déjà l’an dernier. Il sait lire donc, nous avons demandé à
ce qu’il aille en 2nd grade. Ils ont également été d’accord, si la
directrice est d’accord.
Ils étaient vraiment contents qu’on ait trouvé une maison,
et nous ont donné les papiers pour faire les inscriptions. Ils nous ont dit de
le faire même si nous n’avons pas encore l’acceptation des propriétaires sur
notre offre, en précisant qu’on avisera en cas de changement, et qu’on donnera
les bons papiers au moment voulu. Pas embêtants du tout ni tatillons, ni
exigeants sur les papiers ! Ils ont bien compris notre souhait d’offrir
aux enfants le maximum de stabilité. Ils disent que les américains déménagent
tout le temps, et que les places dans les écoles sont restreintes : quand
il n’y a plus de place, ils mettent l’enfant dans une autre école, en offrant
le bus scolaire. Il pourrait y avoir de la place pour 2 enfants mais pas le
troisième. En inscrivant maintenant, il y a plus de chances d’avoir les 3
inscrits, places bloquées.
Nous sommes sortis très contents du rendez-vous. J’imagine
donc mes enfants faire la rentrée scolaire, et c’était vraiment une chose qu’on
souhaitait beaucoup. J’ai tout de même mis dans les valises leurs sacs
isothermes pour les lunchboxes ! Et leurs cartables ont servi pour faire
le voyage en avion. Je peux les mettre à l’école sans attendre le container
(qui est toujours en France !).
En rentrant, je m’attelle à remplir les 3 dossiers. C’est
long. Et il faut préciser notre race, ou si les enfants sont « naturels »,
ou si ils sont nés à terme ! Strange country…
Après, nous
étions invités par l’agent immobilier qui s’occupe de la maison à sa soirée « national
night out 2015 » : « a neighbordhood gathering to get to know
your neighbors and help our neighborhood stay a safe place to live ». Elle
(l’agent immo) habite le quartier de la maison, et en tant que futurs
potentiels voisins, souhaitait que nous assistions à cette soirée et
découvrions les voisins. Comme dit notre agent « vous lui plaisez, elle
aimerait bien vous avoir comme voisins ». Il nous a dit aussi que les
propriétaires seraient à cette « party » mais qu’elle ne leur dirait
pas encore que nous avions fait une proposition, qu’elle leur dirait le
lendemain seulement. Ils savaient que nous avions visité et apprécié leur
maison par contre. Ordre nous était donné de ne pas trop parler (mon défaut !)
et de ne pas aller dans les détails avec eux. Il nous a dit que c’était 5pm-8 pm.
A 5 :30 PM nous arrivons et constatons que ça commence
en fait à 6 :30 PM. Raté ! Que faire en attendant ? On a un
manque cruel de sel à la maison, on se dit qu’on va continuer à explorer les
super marchés du coin, en allant au célèbre Walmart. Arrivés là-bas, on
découvre les fameux gâteaux à la crème décorés… on a vu aussi du « french
bread ». Je vous épargne la photo car il n’avait rien d’une baguette. Il
est beaucoup plus grand que Target pour la nourriture. Et bizarrement, au
milieu de tout ça, il y a un rayon couture, tricot, arts manuels en tout genre !
On retourne à la party peu après 6 :30 pm. Il y avait
un couple avec qui nous avons discuté. Il est d’origine anglaise, et a
travaillé en France dans le temps. Ensuite, un Policeman a parlé de Rocklin
avec une personne de la mairie (il a aussi offert des autocollants aux enfants) sur comment surveiller le voisinage, comment
appeler la police,… Ils ont ensuite pris un grand moment pour dire à quel point
Rocklin était une « great city to live in ». Sur les entreprises ou
commerces qui s’y installent. Un autre grand moment étaient quand ils ont
commencé à lister tous les « greats burgers in the city ». Le
policier est parti en disant « live and shop in Rocklin ! it’s
important for the taxes ! ». La fierté locale, je dois m’y habituer.
Et considérer les fastfoods comme étant de la bonne cuisine aussi. Alors que
nous essayions de dire aurevoir à tout le monde, notre hôtesse, charmante et
qui a un chien gigantesque et gentil, nous présente les propriétaires. Ils sont
très gentils, nous présentent leurs enfants, nous vantent leur maison. Ils nous
indiquent que dans les maisons autour il y a des enfants de l’âge de miens.
Clairement, ils essaient de nous faire la vente ! Encore une fois, après
20 minutes de discussion, nous essayions de dire aurevoir. Peggy, l’hôtesse,
nous présente une autre dame dont le mari travaille pour la même company. On
réussira jamais à sortir… on dit à nouveau aurevoir, et le mari de Peggy nous
reparle un peu en partant. On est dehors, il est 7 :30 pm passé, on a
réussi !
Direction le restaurant pour fêter mon anniversaire. Une
seule direction : le cheesecake
factory. Sheldon, here we go ! (si vous ne connaissez pas la série "the big bang theory", je vous la recommande!).
C’est étrange comme restaurant. On se croirait un peu dans
un truc à thème de disneyland, avec musique à fond. A l’entrée nous attendent
les parts de cheesecake. A l’américaine : énormes et recouvertes de crèmes
différentes et en tout genre. On en salive déjà ! La serveuse nous amène à
une table et nous sommes rassurés par les tarifs : les plats enfants sont
au même prix qu’un menu fastfood. Et pour les adultes, les plats vont d’une
dizaine de dollars au triple. Mais nous trouverons donc à manger sans trop se
ruiner.
Les enfants commandent des spaghettis à la tomate avec une
meatball (vous avez vu le film Tempête de boulettes géantes ?). Gabrielle
préfère une sorte de burger au poulet avec frites. François et moi commandons
un plat mexicain (tacos pour lui, enchiladas pour moi) au rayon « skinnylicious »
avec des plats à moins de 500 kcal ! François prend une bière et moi un
cocktail. Nous attendons un certain temps puis nous sommes servis. Portions
géantes pour les enfants… Raphaël s’endormait déjà sur la banquette mais les
spaghettis le réveillent. La meatball, qu’on a goûté, a un bon goût d’herbes et
d’épices. Je ne sais pas quelle cochonnerie ils ont mis, mais ça rend bien (faudra
quand même qu’on fasse attention…). Nos plats étaient bons également, et pas gigantesques puis "diététiques" (il y avait des légumes, la preuve!).
A la fin nous demandons des doggy bags, et nous savons déjà
que le déjeuner du lendemain est prêt. Nous n’avions plus faim du tout pour les
cheesecakes que nous avions repérés. On reviendra un après-midi pour le goûter.
La serveuse revient avec d’autres serveurs me chanter Happy Birthday avec une
bougie, et un « birthday Sundae » (une boule de glace vanille avec du
chocolat et de la crème chantilly), que je partage ensuite avec les enfants qui
en ont ras le bol qu’on leur zappe le dessert ou le goûter.
En payant, nous n’oublions pas le pourboire, même s’il
faudra vraiment qu’on en apprenne les usages pour ne pas être radins.
Et hop, retour à la « maison » et au dodo.
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