jeudi 10 septembre 2015

California home owners

Mes chères grenouilles,

Aujourd'hui nous avons officiellement les clefs et pris possession de la maison (mardi, ils n'avaient pas fini le déménagement et j'avais une réunion à l'école), nous payons les factures et l'assurance de la maison. Nous sommes donc officiellement résidents californiens. Nous ne sommes pas américains, nous avons un visa de 5 ans. L'an prochain, la Corp de François fera les démarches pour que nous ayons une green card: ils n'ont pas payé notre déménagement pour que nous ne restions que 5 ans. C'est un investissement pour eux, et un aussi pour nous. Tout l'argent que nous avions économisé ces dernières années est parti, en deux mois.

La cuisine

Comme je le disais au début de ce blog, nous ne sommes pas des expats, mais des immigrés. Les expats ont une date de retour prévue. Parents et amis aimeraient mieux que nous rentrions au bout de quelques années, et il faut avouer que nous avons malgré tout un statut "précaire", et que rien assure vraiment notre présence ici à l'infini, sans cette green card. Mais je disais aussi que nous étions des "immigrés" de luxe:

D'une part, nous avions ces économies qui nous ont permis de nous installer ici confortablement, d'acheter le frigo que l'on veut, ou une voiture en argent comptant.

D'autre part, la corp a permis l'accès à une banque qui fait des emprunts aux relocalisés (nom des immigrés de luxe), sans avoir l'historique de crédit si précieux ici. Le notaire l'a bien dit lors de la signature: nous avons eu un très bon crédit à un taux vraiment bien, tous les américains ne peuvent même pas y prétendre. Sans cette banque, nous n'aurions pas pu nous installer si vite. Ils ont compensé tous les manquements de la banque internationale que nous avions choisi avant. A nous maintenant d'être sérieux et de les remercier de leur confiance.

Et dernièrement, et non des moindres, nous sommes des immigrés de luxe car nous sommes bien accueillis. Oui, il est plus facile d'arriver aux USA en étant français que d'arriver en Europe en étant syrien, ou en venant de n'importe quel pays en difficulté. Les gens ne nous demandent pas si on vient leur piquer leur travail. A vrai dire, pour avoir ce fameux visa, il a fallu que la Corp prouve qu'ils ne trouvaient pas d'américain pour faire ce travail là, que François avait une valeur ajoutée. On nous a demandé "mais ils ont du vous faire une super proposition pour que vous acceptiez que quitter votre pays". Dans leur esprit, la France est aussi bien voir mieux qu'ici, donc on est venu pour une super proposition monétaire. Hélas non. Le salaire est plus gros, oui, mais la vie est tellement plus chère qu'on est au même niveau: certaines choses sont plus chères comme les biens de consommation, et d'autres moins chères comme le logement. On perd en "pouvoir d'achat", en "sécurité du travail" et en "services de santé" (3 notions chères aux français), mais on gagne en logement (une maison de 370 m², ça coûte combien dans une grande ville??), en emploi du temps (la vie semble moins "pressée" ici), en géographie (météo, grands parcs nationaux...)

Puisqu'on change le sol, et la peinture, et qu'on a rien d'autre à faire, on peut transformer le salon en salle de gym!

Mais nous ne sommes pas aveugles. On parle aussi beaucoup ici des immigrants d'Europe. On a aussi vu la photo de ce bébé sur une plage. Il y a la même chose ici: les mexicains qui veulent passer la frontière de barbelés, les boat people qui viennent d'Asie... Comme j'en parlais avec Anita, les problèmes sont les mêmes: le continent africain où les islamistes sèment la terreur, et l’Amérique du sud où les cartels font la loi. Je ne prétends aucunement détenir une solution, ou porter un jugement. Je vous parle de cela uniquement pour vous dire que non, je ne me plains pas de notre situation actuelle, et non, nous ne sommes pas courageux. Non, nous ne fuyons rien, nous ne perdons notre confort que temporairement. Ce n'est pas du courage, c'est un choix. Nous avons eu le choix (c'est relatif, il s'agissait tout de même d'une belle possibilité de carrière, contre moins d'évolution de carrière en France). Nous ne sommes pas partis par peur de nous faire égorger, ou car la misère financière nous guettait. Nous ne sommes pas partis avec simplement une valise, comme les réfugiés pendant la seconde guerre mondiale. Nous sommes extrêmement chanceux, nous savourons la découverte de ce beau pays où tant de gens souhaitent trouver refuge. Je n'irai pas non plus râler contre ce pays qui nous accueille (OK, sauf pour le pain!). 

Ils ont fait leurs devoirs sur leurs bureaux... 

Aujourd'hui, nous sommes résidents californiens. Nous sommes à l'abri du danger, on en a pleinement conscience. Nous avons cassé nos tirelires mais nous allons vivre tranquillement, nous allons profiter des lacs et des forêts, des barbecue entre amis, de l'oranger dans le jardin. On fera attention à remplir le caddie au supermarché avec raison, et à ne pas abuser des consultations chez le médecin. Nos enfants n'ont pas fait ce choix, ils nous ont suivi. C'est pour ça que je les plains un peu, et que je stresse pour eux. Pas pour nous. Mais ils seront bien, j'en suis sûre, dès qu'ils auront leurs nouvelles habitudes.


Si j'écris dans ce blog les différences que l'on rencontre, ce n'est pas pour me moquer, ou pour dire que c'est moins bien ou mieux ici que "chez nous". C'est pour votre curiosité, et plus tard montrer aux enfants ce qui leur semble normal mais ne l'était pas du tout pour nous. Comme ce que j'ai fait ce matin, et dont je vous parlerai plus tard... On ne verra probablement jamais ça en France!

A bientôt!

12 commentaires:

  1. Tu me fais venir les larmes aux yeux... J'ai suivi ces 3 années d'attentes et de démarches...
    Le pain, t'as la recette by me et le robot dans un carton, et je vois que tu as 3 fours dans ta nouvelle cuisine à TOI. Yapluka!

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  2. Rectificatif, j'ai vu ton robot dans son carton dans TA cuisine ;-)

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  3. Félicitations! La maison a l'air d'être très grande et jolie! Les enfants doivent être contents et bien sur vous aussi! Bon courage pour la suite!
    S.F.

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  4. beau message sur les notions de choix et de chance.
    Lorsque j'ai CHOISI de vivre en Guadeloupe ,j'ai quitté mon travail et suis partie avec deux valises et mes petites économies ( j'étais juste diplomée) alors quand on me disait " quelle CHANCe tu as" j'étais un peu énervée.J'avais fait un CHOIX difficile mais exaltant et j'assumais les consėquences ( pas de travail pendant six mois, plus d'argent ,un an avant d'avoir une voiture....) de mon CHOIX.
    22 ans après je n'ai pas la vie dont je rėvais parceque les rêves restent des rêves mais j'aime ma vie et j'assume toujours les conséquences de ce CHOIX comme la vie chère( trés) des salaires plus bas qu'en métropole( sauf pour les fonctionnaires) mais principalement l'éloignement de la famille qui elle n'a rien CHOISI et n'a pas la CHANCe de vivre ici.( un peu de culpabilité) et mon fils a une vie que j'ai choisi pour lui ( c'est le cas de tous les enfants)
    Donc, oui vous avez eu la CHANCE de partir dans de bonnes conditions mais c'est un CHOIX et vous le " payer " dans tous les sens du terme .
    Et mes meilleurs voeux pour votre nouvelle vie.

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    1. oui, un vrai choix, et des responsabilités qui vont avec.

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  5. Les quelques (pas assez ; on en veut encore !) photos de la maison nous laissent imaginer une belle et grande maison. Quelle chance !
    Les explications de votre parcours pour arriver aux US montrent que vous avez beaucoup "donné". Je pensais que tout avait été pris en charge par la boîte de M. ton mari. Bravo d'avoir osé !
    Isabelle V

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  6. Je trouve votre récit, chère Mape, passionnant, étant très curieuse des différents civilisations ! :D

    Lorsque vous "parlez" de vos péripéties, difficile d'y voir une plainte..... enfin, disons que moi, j'y bien compris dans quel sens vous parliez et votre message est très clair !!!! ;-)

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  7. 370 mètres carrés? Haaaan, et votre bilan carbone? Et le ménaaage?
    Plus sérieusement, vous allez faire comment pour le parquet? Nous, on n'a pas eu le temps d'en mettre avant d'avoir emménagé, et maintenant, ben...il faudrait bouger tous les meubles donc on n'a pas le courage (enfin, pas cette année, en tout cas...)

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    1. On le fait poser. Ca va coûter cher, mais c'est nécessaire...

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